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Arasement du seuil du moulin de la Rochette (2)


Le complexe hydraulique du Foulon de la Rochette possèdait l’ensemble de ses organes originels, à savoir notamment : une chaussée avec vanne de décharge constituée rive droite (panneaux de chêne mue par une crémaillère), puis un bief de dérivation (implanté rive droite) avec long canal de fuite aux parements maçonnés et vanne motrice associée à l’extrémité amont.
D’une longueur de 32 mètres, l’ouvrage transversal se présentait donc comme une chaussée maçonnée (jointoiement au béton), large de 7 à 8 mètres en base, et générant une hauteur de chute de l’ordre de 2,18 m ainsi qu’un remous liquide sur près d’une centaine de mètres.

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Fort du constat simple qu’aucun dispositif d’aménagement n’assurera jamais une aussi complète « transparence » (piscicole et sédimentaire) que l’absence d’ouvrage hydraulique, les conditions d’un arasement optimal du seuil considéré ont été recherchées.


Parmi les contraintes et enjeux ayant guidés ou motivés les choix, il était possible de citer les principaux soucis suivants :


- assurer la persistance d’une alimentation en eau de l’ancien canal d’amenée rive droite mais, ce, dans un but unique d’agrément ;
- préserver certains éléments patrimoniaux tels que le dispositif de vanne de décharge;
- préserver les dispositifs/murs de soutènement de la propriété rive droite ;


Dans ce contexte, la cote d’arase de l’infrastructure hydraulique a été définie en fonction de l’actuelle cote de prise d’eau du bief. Schématiquement et en vue de permettre encore l’alimentation dudit canal après travaux, le seuil considéré n'a été abaissé qu’en sa partie gauche et ce, en veillant à maintenir une cote d’ouvrage supérieure de 20 cm à la cote des fonds à l’entrée du bief.

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Au regard des contraintes susmentionnées, cette intervention d’arasement s’est effectuée sur une largeur d’un peu plus d’une quinzaine de mètres et a nécessité (afin d’aboutir aux objectifs de « transparence » fixés) l’édification d’une rampe en blocs immédiatement à l’aval, de pente proche de 2.8 % (1.00 m de dénivelée sur 36.00 m de long). Dans le but d’être tout à fait favorable à la montaison des espèces piscicoles cibles (Truite Fario), celle-ci est « rugueuse » et a imposé, aux côtés du réemploi des matériaux pierreux issus de la démolition partielle du seuil, le recours à la fourniture de blocs d’apport de plus gros diamètre et de même nature géologique. La mise en place de cette rampe s’inspirant des « radiers naturels du Cousin » a été envisagée sur toute la largeur du lit de la rivière malgré le maintien de l’ancien dispositif de vannage rive droite (sinon, et pour assurer une lame d’eau pérenne et suffisante en surface de la rampe, celle-ci a été « épaulée » rive droite par un mur longitudinal).

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La mise en forme d’une rampe en blocs aux éléments libres (physionomie naturelle), permettra de préserver durablement la cote d’arase réalisée, mais aussi de prévenir tout risque d’érosion régressive (risque cependant limité du fait de l’émergence du substratum rocheux au sein du lit).

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La maîtrise d'oeuvre a été assurée par le bureau d'études BIOTEC et les travaux ont été réalisés par l'entreprise Bongard Bazot et fils pour un montant de 46 428 € TTC.

 

 

Nicolas GALMICHE

Le moulin Cadoux est inscrit au patrimoine pittoresque de l’Yonne depuis le 19.03.1964.

L’inscription est une reconnaissance de la valeur patrimoniale du site justifiant la surveillance de son évolution et a engendré la consultation de l’Architecte des Bâtiments de France avant travaux.

Bien qu’aucun usage économique n’y soit attaché à ce jour, le complexe hydraulique conserve l’intégralité de ses ouvrages dont un seuil déversant transversal maçonné d’une longueur initiale de 70 m et d’hauteur de chute de 1.7 m (majorité de la crête) à 1.3 m (en rive gauche). Les possibilités de franchissement du seuil du Moulin Cadoux par les poissons étaient très limitées, quelle que soit l’espèce et la taille des individus. Pourtant les enjeux écologiques sont conséquents car la vallée du Cousin est aussi dotée d’une richesse faunistique  très importante avec notamment la présence de la moule perlière qui ne survit que grâce à la présence abondante de tuite fario, son espèce hôte.

De plus, le Cousin est classé en liste 1 et 2, au titre de l’article L.214-17 du Code de l’environnement par les arrêtés de classement des cours d’eau signés le 4 décembre 2012 par le Préfet coordonnateur de bassin Seine-Normandie et publiés au journal officiel le 18 décembre 2012. Compte tenu du classement du Cousin en liste 2, les propriétaires avait une obligation de mise en conformité de leur ouvrage dans un délai de 5 ans après publication des listes.

C’est pourquoi, le Parc naturel régional du Morvan a souhaité apporter son aide en trouvant le meilleur compromis entre la sauvegarde du patrimoine historique, la préservation patrimoine naturel et les obligations réglementaires des propriétaires. Grâce au programme Life, il a pu financer les études (IRH) et les travaux suivant (ROSA).

La passe mise en œuvre est une passe de type « naturelle », constituée d’une rampe inclinée en génie civil, tapissée de blocs en enrochements uniformément répartis.

Le coursier est incliné selon l’axe transversal de manière à éviter la concentration des écoulements dans la partie aval. Cette configuration permet également de présenter une hauteur d’eau variable au sein de la rampe et de diversifier les conditions de passages au regard de la ligne d’eau amont.

L’objectif de ce dispositif est de recréer de manière plus ou moins proche les caractéristiques des cours d’eau naturels à forte pente, en mettant en œuvre une pente relativement prononcée et en intégrant des matériaux naturels (blocs en enrochement) pour la dissipation d’énergie et la réduction des vitesses.

Ce projet de rampe intégrant une partie basse et une partie haute de coursier, permet ainsi de diversifier les conditions hydrauliques dans l’aménagement (débits, vitesses, puissance dissipée), de manière à présenter des conditions de franchissabilité relativement adaptées à l’ensemble des espèces du Cousin selon les conditions d’alimentation.

Dans l’objectif de limiter l’emprise de la rampe en terme de longueur tout en assurant sa fonctionnalité, un arasement partiel et progressif du seuil de – 40 cm a été réalisé sur une dizaine de mètres à partir de la rive gauche. Le miroir d’eau est donc maintenu mais son emprise sera réduite au moment des jours les plus secs de l’été.

Puis un seuil avec échancrure a été mis en œuvre, en aval de la passe à poissons, jusqu’au fond du lit de la rivière, calé de manière  à créer une fosse de dissipation et d'assurer une hauteur d'eau suffisante en pied de rampe.