drapeau anglais

Travaux sur les étangs : pas toujours facile !

 Le Cousin amont héberge l’une des cinq dernières populations de Moule perlière du Morvan. Les principaux facteurs limitant recensés sur ce site sont les problèmes liés à la présence de multiples étangs, la déconnection de nombreux affluents et des modifications d'habitats sur certains tronçons du cours d'eau.

L’étang de Champeau, l’étang du Chailloux et l’étang Morin sont trois étangs situés strictement en amont des stations à Moule perlière. Ils ne sont pas équipés de système de vidange adapté. La vulnérabilité de la population de Moule perlière à l’aval est donc très importante. Un accident lors d’une vidange peut intervenir à tout moment et supprimer les populations de Moule perlière. Un second enjeu de conservation de l'espèce sur le cours d'eau est d'arriver à restaurer et maintenir les populations de Truite commune dans le cours principal. En effet, ces salmonidés sont des hôtes indispensables au développement de la Mulette. Il est très donc important de délivrer des eaux froides à l’aval de ces étangs afin de maintenir les populations de Truite fario. L’objectif était d'aménager les vidanges de ces trois étangs en installant des moines hydrauliques.

Le moine hydraulique est un système de vidange permettant de prélever l’eau du plan d’eau en profondeur et de contrôler sa vidange par l’enlèvement successif de planches. Lors des périodes chaudes, une stratification thermique se met en place dans le plan d’eau. L’eau chaude, plus légère, se situe en surface et l’eau froide au fond. De plus, les variations nycthémérales de la température extérieure se font ressentir sur les centimètres superficiels du plan d’eau. C’est cette eau qui est classiquement restituée au cours d’eau par les surverses. La prise de fond du moine permet de restituer cette eau plus fraiche et avec une variation de température restreinte. En aménageant un trou de diamètre adapté, à environ un mètre sous la hauteur maximale de l’eau, cela permet de garantir un débit réservé à l’aval du plan d’eau, même si l’évaporation désamorce la surverse. Avec un moine, la baisse du niveau de l’étang, lors de la vidange se fait progressivement, en retirant successivement les planches supérieures. Il est donc possible de vider de manière quasi-totale le plan d’eau, de manière à pouvoir réaliser la pêche, le curage ou les travaux d’entretiens, sans libérer la vase du fond.

Sur les trois étangs précités, des travaux sont en cours pour les équiper de moine hydraulique. Mais la gestion des vases, avant la pose d’un moine, est un problème récurrent. Il faut souvent prévoir un curage à la pelle et utiliser les billes de bois pour avancer dans la vase sans risquer de perdre la pelle. C'était le cas de l'étang Morin.

Etang 9Etang 8

Le travail devient compliquer lorsque qu’une trentaine de camion de terre ont été apportés pour colmater les fuites d’une pelle, devenue alors non manœuvrable. Le cas s’est présenté sur l’étang Chailloux. Une solution technique a donc été envisagée en faisant usage du désenvasement par aspiration. Cette méthode permet un résultat immédiat. Cette opération se fait à l'aide d’une barge amphibie muni de sa pompe aspiratrice. Le débit de la pompe est de 10 à 40 m3/h selon le type de matière à extraire. Grâce aux tuyaux adaptés en sortie de pompe, la boue est recueillie sur la berge ou dans des bassins de décantations.

Etang 2Etang 3

Lors de la phase travaux, il est aussi important de prévoir des dispositifs de filtration de boues efficaces, à l’aval de l’étang. Par exemple, on peut utiliser des systèmes de double rideaux de grilles avec de la paille intercalée. Ce système est beaucoup plus efficace que l’utilisation de simple ballot de paille. La paille, prisonnière de ces bassins de décantation, peut alors être évacuée par une motopompe ou un camion hydro-cureur.

Etang 5Etang 6

Enfin, il n’est pas toujours aisé de garantir le débit réservé pendant les travaux, s’il y a une mise en assec de l’étang. Une dérivation temporaire est très efficace mais l’installation peut être fastidueuse. Une des solutions imaginée par l’entreprise Grossetete est d’utiliser un géotextile sur une tranchée ouverte. Ce dispositif s’avéra rapide à mettre en place et très efficace.

Etang 4

Enfin, une dernière difficulté rencontrée, est la présence de sol non portant au droit de la pelle. Il arrive aussi assez souvent que le niveau bas de la pelle soit plus haut que le fond de l’étang. Il est donc nécessaire de couler les fondations du moine dans l’eau. Il a été imaginé sur l’étang de Champeau, de foncer un carré de palplanche. Cette nouvelle surface sera étanchéifiée puis coulée. Ce nouveau point dur permettra d'installer le moine sans risque.

 Etang 7

Nicolas GALMCHE