Création d’une passe à poissons à pré-barrages sur le moulin Léger et dérasement du moulin Gros
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- Publié le dimanche 10 janvier 2016 14:18
Le barrage de Moulin Léger a pour vocation de maintenir en permanence une lame d’eau suffisante pour la production d’hydroélectricité. Cet ouvrage, qui barre le Cousin sur la totalité de sa largeur, crée une rupture de la continuité écologique. Il s’agit d’un déversoir maçonné fixe d’une longueur de 105 m environ. La chute créée par l’ouvrage avoisine 1,40 m à bas débits.
Dans le but de concevoir un aménagement fonctionnel respectueux des usages du barrage, il a été décidé de construire une passe à poissons de type « pré-barrages ». Les pré-barrages consistent à créer de grands bassins en fractionnant la chute totale induite par l’ouvrage en plusieurs petites chutes par des murs ou des seuils se succédant en aval. Le dispositif a été implanté sur une partie du lit mineur . Il est adapté à la restauration de la continuité piscicole sur des obstacles de faible hauteur (souvent inférieure à 2m) et il peut faire transiter des débits importants, ce qui le rend particulièrement attractif. Les seuils entre les bassins peuvent être submergés ce qui permet de garantir un fonctionnement sur une large plage de débits. Ce dispositif est particulièrement bien adapté aux salmonidés, voire aux cyprinidés d’eaux vives en maintenant une communication entre bassins par jet de surface.
Les principales données biologiques d’entrée pour le dimensionnement des dispositifs de franchissement piscicole sont rappelées ci-dessous :
- Espèces cibles : Truite fario, en priorité, et autres espèces telles que Chabot, Loche franche, Goujon, Spirlin, Vandoise, Lamproie de Planer, … A noter que, malgré leur statut patrimonial, le Chabot et la Lamproie de Planer revêtissent un enjeu de restauration de leur franchissabilité moindre eu égard aux besoins de déplacement réduits du Chabot et à leur faible capacité de franchissement. Aussi, dans un souci de maîtrise des coûts d’aménagement et d’optimisation du rapport coût/gain écologique, ces deux espèces n'ont pas été retenues comme « cibles » pour le dimensionnement..
- Dispositif adapté à la franchissabilité de la Truite fario, et disposant si possible d’une certaine souplesse en termes de contraintes hydrodynamiques de façon à permettre dans la mesure du possible le franchissement de la plus grande partie du cortège d’espèces présentes (cyprinidés rhéophiles et petits espèces).
Les accès ont été particulièrement difficiles puiqu'il fallait passer par la station d'épuration de la ville d'Avallon.
Dans un soucis d'intégration paysagère, les bassins ont été construits à partir de blocs de granit. L'inconvénient était que le calage des niveaux a été compliqué.
Des filtres ont été installés en aval des travaux et ont montré toute leur efficacité.
Des blocs de très gros diamètre ont été installés sous forme d'épis à l'entrée de la passe à poissons afin de limiter l'arrivé d'embâcles.
Pour finir, la répartition des débits entre le tronçon court-circuité et la microcentrale et l’analyse des itinéraires de montaison du poisson indiquent la mise en concurrence entre ces deux axes d’écoulement, et que le canal de restitution de la microcentrale est apparu comme potentiellement bien plus attractif que le TCC. Afin de renforcer l’attractivité du tronçon court-circuité, la création d’un épi en blocs en rive gauche, associé à un remodelage ponctuel du lit mineur, a permis de pincer l’écoulement et de concentrer un lit vif d’étiage en rive droite. Le point bas du lit mineur a été créé en rive droite. L’épi a été implanté en rive gauche avec une orientation « entrante » et un profil plongeant.
Ensuite, les vestiges de l’ancienne prise d’eau du Moulin Gros, situés à environ 230m en aval du déversoir du Moulin Léger, constituaient une zone de radiers bien visible à bas débits, qui induisaient une répartition des écoulements entre plusieurs chenaux, une altération ponctuelle de la continuité piscicole à bas débits (franchissabilité délicate du fait de faibles tirants d’eau) ainsi qu’un remous liquide de l’ordre de 150m s’étendant sur le tronçon court-circuité.
Pour remédier à ce problème, le seuil a été démantelé sur une largeur de 30m et sur une hauteur moyenne de 25-30cm et un lit d‘étiage a été modelé en rive droite. Le plan d’eau de 150 m est désormais supprimé et est remplacé par des faciès lotiques, propices à la Truite fario notamment.
La maîtrise d'oeuvre a été assurée par le bureau d'études ARTELIA et les travaux ont été réalisés par l'entreprise SETHY pour un montant de 95 178 euros TTC.
Nicolas GALMICHE